Les notions de
base de
Stefan Meyer-Kahlen
è
Peter Schreiner
Graphique, mise en
page et illustrations repris du site du Schachclub
Leinzell avec l'aimable autorisation de Klaus Schumacher
Traduit de l'Allemand par
Patrick
Buchmann avec l'aimable autorisation de Stefan
Meyer-Kahlen
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Arbres d'ouvertures
de Stefan Meyer-Kahlen - Décembre 1999
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J'aimerais aborder le thème des arbres d'ouvertures. Chaque nouveau programme
d'échecs avance qu'il possède un "arbre d'ouvertures" au moyen
duquel l'utilisateur a accès à la théorie complète des ouvertures. Mais
qu'est-ce qu'exactement un arbre d'ouvertures?
Qu'est-ce qu'un arbre d'ouvertures?
Un arbre d'ouvertures est une grande base de données de
positions et de coups d'échecs avec l'aide de laquelle on peut trouver si
dans la position donnée des coups connus ont déjà été joués. Un
ordinateur a besoin de ce savoir pour pouvoir jouer rapidement un coup dans la
phase d'ouverture sans utiliser ses algorithme de calcul interne. Ainsi il
économise du temps de réflexion et évite des fautes stratégiques dans
l'ouverture. Jusque là, rien de nouveau mais dans cette base de données sont
stockées avec les différents coups différentes informations
complémentaires.
On peut par exemple trouver pour chaque coup, combien de fois il a déjà
été joué et son score de réussite, c'est à dire combien de fois les
Blancs ou des Noirs ont gagné, perdu ou fait nulle avec ce coup. De plus on
peut aussi voir quel est la moyenne Elo des deux côtés et même depuis peu
en quelle année le coup a été fréquemment joué.
Ainsi on peut faire très bien la différence entre les variantes classiques
ou modernes. Avec ces informations on peut facilement calculer la performance
Elo de chaque coup. Par ex. il y a une différence à obtenir 60% contre des
adversaires de même force ou alors 80% contre des adversaires plus faibles.
Pour illustrer, je voudrais juste donner l'exemple pour l'extrait d'un arbre
d'ouverture à partir de la position initiale:
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Parties
|
Cote
|
Elo
|
Performance
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1.e4
|
65432
|
55,4%
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2427
|
2450
|
1.d4
|
40212
|
53,4%
|
2453
|
2469
|
1.c4
|
8011
|
51,3%
|
2432
|
2463
|
On voit que 1.e4 a été le plus joué (65432 fois) et a également la plus
grande cote de succès (55.4%). Avec 1.d4, néanmoins, c'est la plus grande performance
Elo qui a été atteint (2469 Elo) et il a été joué par des joueurs plus
forts (moyenne Elo
2453). 1.c4 est joué moins souvent et la cote de succès est comparable même
si elle est un peu plus faible.
Avantages d'un arbre de positions
Comme nous le voyons, ce concept fournit une masse
d'informations très utiles, et c'est cela la nouveauté essentielle. Jusqu'à
présent seul l'ordinateur, ou du moins le programme, était à même de
profiter des connaissances contenues dans sa bibliothèque d'ouvertures,
maintenant l'utilisateur humain a également un système d'information utile
sous la main.
Il peut maintenant se préparer très précisément dans une variante
d'ouvertures donnée et examiner les coups déjà joués dans cette variante
sur leur côté pratique. De plus, il voit de suite si la théorie actuelle
est au bout sans devoir au préalable fouiller dans divers livres d'échecs ou
dans des bases de données électroniques.
Les programmes d'échecs ont aussi gagné une réelle plus-value.
Naturellement , ils utilisent les les informations enregistrées pour le choix
de leurs coups dans l'ouverture. Si dans une position donnée, par exemple,
deux coups sont possibles dont l'un a été joué trois fois et avec lequel la
partie a abouti à une débâcle dans les trois cas, alors que l'autre a un
score de 60% en 100 parties, le choix du coup du programme devrait être
clair.
Mais ce n'est de loin pas tout. Il est maintenant plus facilement possible
d'influencer la façon de jouer dans l'ouverture. Par les possibilités
nombreuses de paramétrage; on peut déterminer si le programme ne doit jouer
que les meilleurs coups ou s'il peut choisir aussi, pour diversifier, de temps
à autre un coup potentiellement plus faible. De plus on peut ne faire jouer
que les variantes principales, mais aussi se contenter que des variantes
secondaires.
Après la description de tous ces avantages, vous vous
posez la question s'il y a aussi des inconvénients à cette méthode. Comme
on s'y attend, il en existe aussi. D'abord il est à remarquer que les bases
de données deviennent beaucoup plus grandes que ce à quoi on était
habitué. Ceci tient bien sûr à ce que l'on enregistre aussi, en plus des
coups, les diverses informations complémentaires comme le nombre de parties
jouées, etc. 0 mon avis, ce point n'est néanmoins pas tragique. Les bases de
données n'atteindrons pas, et de loin, la taille des bases de données de
finales dont j'avais parlé le mois dernier, avec 100Mo on obtient déjà une
connaissance des ouvertures assez étendue.
De plus l'accès n'est pas très fréquent, en principe une seule fois par
coup joué, ainsi ce n'est pas un grand désavantage de ne pas charger la
bibliothèque dans la rapide mémoire vive de l'ordinateur. Il est même
possible en cas de place réduite disponible sur le disque dur de la laisser
sur CD-Rom et d'y accéder à partir de celui-ci. Mais avec la chute rapide
des prix des disques durs cela ne devrait bientôt plus être nécessaire.
Il y a aussi d'autres inconvénients moins voyants. Pour cela j'aimerais
revenir à l'exemple cité plus haut: un coup a été joué dans une position
donnée avec un score de 60%. Est-ce que ce coup est effectivement bon, c'est
à dire peut-on le jouer sans arrière-pensée? Au premier coup d'œil sûrement,
mais si on est conscient que la théorie échiquéenne n'est pas figée mais
se développe toujours et change dynamiquement, on met le doigt sur la plaie:
Et si sur les 100 parties les 10 dernières ont toutes été perdues?
Il est sûrement possible, et dans ce cas très probable, qu'il y a une
réfutation dans cette variante, et donc le coup n'est plus jouable. Si on ne
prend en compte que le score global de 60%, on ne peut pas éclairer ce fait.
Mais comme toujours, il y a aussi une solution à ce problème. J'ai implanté
dans Shredder 5
un algorithme qui reconnaît cela et les coups pour lesquels il y a une
réfutation probable, ne sont plus pondérés aussi haut. D'après mes tests,
cette procédure fonctionne très bien.
Améliorer un arbre de positions
Un point important n'a pas encore été abordé: d'où
proviennent les données incluses dans un livre d'ouvertures? D'après ce qui
a été dit jusqu'à présent, il est clair que pour chaque arbre
d'ouvertures, il doit exister une base de parties avec les données de
laquelle a été générée la bibliothèque. De plus il devrait être évident
que la qualité de l'arbre d'ouvertures dépend directement de la qualité des
parties utilisées. Pour un fort joueur d'échecs, il n'y a par ex. guère
d'intérêt à s'occuper d'un arbre d'ouvertures et des informations contenues
dans celui-ci, s'il est obtenu avec des parties de championnat cantonal de
"Trifouilles les Oies".
De nos jours, ce n'est plus un problème pour se procurer des bases de
données avec des parties récente de qualité, et il est ainsi assez aisé de
créer des arbres d'ouvertures de très bonne qualité. Quand on parle d'avoir
accès à la théorie complète des ouvertures, il faut que bases de de
données utilisées soient assez vastes. Il doit être néanmoins possible de
générer un arbre qui contient tout ce qui a été joué un jour, ou du moins
les parties publiées, et à propos duquel on pourrait dire qu'il contient
l'ensemble des connaissances sur les ouvertures.
Un arbre d'ouvertures n'est jamais démodé, car il est possible d'étendre le
contenu des données par l'ajout de nouvelles parties. Les informations
statistiques sont elles-même automatiquement actualisées. Il faut seulement
faire attention à ne pas ajouter une partie en double car les statistiques
seraient faussées.
Notamment, si on importe 1000 fois sa partie préférée, les variantes
qui y sont jouées auront du coup un score de succès à laisser rêveur. Il
serait techniquement possible d'empêcher l'importation d'une même partie,
voir le reconnaître, mais ce serait vraiment très contraignant et
nécessiterait beaucoup de place de stockage.
On peut aussi générer des arbres contenant toutes les parties d'un joueur
donné, par ex. Karpov. On peut ainsi examiner de près le répertoire
d'ouvertures de ce joueur et mettre à jour les forces et les faiblesses de ce
joueur. Si on fait jouer un programme avec cet arbre comme bibliothèque
d'ouvertures, on peut simuler en principe Karpov, ou n'importe quel autre
joueur, du moins dans la phase d'ouverture.
On a donc toujours la possibilité de jouer contre n'importe quel joueur, ou
plutôt contre son répertoire d'ouvertures. Si on trouve assez de parties de
son prochain adversaire dans sa base de données, on peut bien sûr en user
comme d'une excellente préparation.
Une comparaison par rapport aux temps anciens, lorsque la
bibliothèque d'ouvertures d'un programme d'échecs était fabriquée par la
saisie manuelle des coups et le concept de l'arbre d'ouvertures qui peut être
amélioré en un éclair avec des données d'une base, démontre par l'absurde
l'avantage de la méthode. On ne doit cependant pas oublier que l'ensemble des
statistiques dans un arbre d'ouvertures se rapporte presque toujours aux
parties entre deux joueurs humains. Un coup qui a une bonne cote dans l'arbre
d'ouvertures a donc fait ses preuves dans le jeu entre humains.
Un coup est bon pour un humain ne veut pas dire, loin de là, qu'il doit être
aussi bon contre un ordinateur, les spécialistes des bibliothèques ne
deviendront pas chômeurs dans un avenir proche. Il existe beaucoup d'exemples
dans lesquels il vaut mieux qu'un ordinateur ne joue pas ce coup qui est le
meilleur du point de vue d'un joueur humain. Les ordinateurs jouent tout
simplement aux échecs différemment des humains. Je vous renvoie sur les
explications de Peter Schreiner sur le thème des bibliothèques
d'ouvertures.
Comme vous pouvez le voir, le concept des arbres d'ouvertures a nettement plus
d'avantage que d'inconvénients, du reste les quelques inconvénients ne
pèsent pas très lourds ou peuvent être contournés par une programmation
habile. Il est donc, pour l'utilisation de chaque programme et pour chaque
utilisateur avantageux de s'intéresser aux arbres d'ouvertures. La publicité
a pour une fois raison, un produit vraiment très intéressant.
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